La grande Odalisque
J’aime beaucoup cette oeuvre d’Ingres, car de premier abord, tout semble normal et pourtant lorsque l’on regarde de plus près, c’est beaucoup plus subtil qu’il n’y parait!
Ingres transpose ici le thème antique du nu féminin dans un Orient vers lequel il n’a voyagé qu’en rêve et qui est prétexte à l’image sensuelle d’une femme de harem – une odalisque – nue et offerte dans un décor exotique. Il ne cherche pas à rendre compte de la réalité ou des couleurs vivantes de l’orient, mais plutôt à coucher sur tableau la conception européenne de l’orient fantasmé.
On y voit une femme couchée de dos. On remarque au premier abord que ce dos féminin est particulièrement long et que l’angle formé par la jambe gauche est peu naturel … Cette odalisque possède trois vertèbres de trop ! De même, le sein droit et la jambe gauche se rattachent étrangement au reste du corps. Mais ces déformations sont voulues par Ingres, qui préfère volontairement sacrifier la vraisemblance pour la beauté des courbes.
Si, Ingres est un artiste classique, par sa technique ou son intérêt pour l’Antique qu’il montre dans d’autres oeuvres, il se détache de ce courant en déformant au besoin la réalité anatomique des corps pour priviléger la ligne du dessin, et les courbes sensuelles.